PiNG : Vision'R s'affiche comme un festival de Vee-Jaying collaboratif, comment cet aspect collaboratif s'opère-t-il en amont, pendant le festival et à travers la programmation ?
LC : Il y a plusieurs axes autour de l'appellation collaboratif. Dans un premier temps collaboratif c'est « tu es à l'initiative de Vision'r ». On est pas mal de VJ à avoir constaté un retard au niveau de la reconnaissance du vee-jaying en France donc c'était d'abord une collaboration entre VJ pour mobiliser déjà la scène artistique et mobiliser aussi du public et trouver des partenaire pour réussir à partager notre art. Autrement dit des partenaires techniques, trouver des lieux, des supports de communication prêts à relayer notre « message » ; ça c'est le point de départ.
Ensuite collaboratif c'est lié un peu à la partie communautaire autour du vee-jaying et des formes expérimentales et hybrides utilisant la vidéo live par le biais du forum francophone Vjfrance.com. Les utilisateurs du forum qui étaient habitués à s'entraider par messages textes interposés, par échanges d'images et de vidéos étaient très volontaires pour se rencontrer sur place et très demandeurs pour qu'il y ait une manifestation qui puisse les accueillir et les représenter.
Il y a pas mal d'étapes après dans l'organisation même. En tant que coordinateur, je tiens à ce que chaque étape de la construction d'une nouvelle édition respecte l'aspect collaboratif dans le sens où l'on va plutôt privilégier les associations d'idées et les rapprochements d'énergies pour réussir à présenter des programmations et dispositifs intéressants, en respectant l'esprit de partage initial. Cela veut dire faire appel à cette communauté VJ qui est très élargie – il n'y a pas du tout le côté corporatiste parce qu'il n'y a pas encore de professions à proprement dit mais on évite cet écueil là quand même – donc on lance un appel à participation et dans le projet il y a autant l'aspect artistique, expérimental qui interroge le vjing mais aussi qui présente des formes établies, bien acceptées et professionnellement bien construites, bien produites. Mais il y a aussi tout l'aspect partage pratique et théorique que l'on a lors de conférences, tables-rondes, rencontres thématiques. Voilà pour les grands axes autour de l'approche collaborative.
quand tu parles de communauté, cela représente combien de personnes ou structures ?
LC : Sur les termes en vérité c'est plus une affaire de réseau que de communauté. Il y a pas mal d'entités représentées. La communauté c'est un peu statique, identitaire alors que le réseau est vraiment très dynamique et s'alimente de lui-même au fil des rencontres, au fur et à mesure des créations. Là sur les trois ans, on mobilise à chaque fois une centaine d'artistes avec plus d'une trentaine de collectif qui touchent toute la scène française mais aussi des artistes internationaux. C'est innombrable, personne n'a la visibilité pour faire un décompte précis...
est-ce que l'on peut parler d'une programmation en réseau finalement ? il y a un appel à participation... comment et qui effectue les choix à partir de cet appel ?
LC : Il y a plusieurs étapes. Sur le phénomène de réseau, pour l'appel à participation on envoie le message avec l'orientation de l'édition de l'année et la forme que doit revêtir la proposition pour qu'elle soit facilement déchiffrable et comparable (note d'intention, fiche technique, proposition artistique, durée de la performance, tous les paramètres pratiques et l'approches culturelle et théorique). Une grande partie des filtres se font en amont, c'est à dire un projet qui n'est pas abouti ne va pas donner envie à l'artiste ou VJ de le présenter et dans la formulation qui correspond aux champs que nous proposons pour la description ce ne sera pas abouti et donc ça ne donnera pas envie de programmer. Après on fait la différence entre le côté maladroit et mauvaise formulation et le côté pas assez mûr. Et ça c'est notre rôle de déceler les propositions intéressantes. C'est aussi en fonction des images que l'on reçoit, il y a un descriptif texte mais il y a aussi des images de démo vidéos, de captations de performances live ou là on peut vraiment se rendre compte de l'ensemble de la proposition. Certains sont moins doués dans la description, d'autres sont moins doués avec la captation live, c'est à nous de savoir déceler exactement la nature de la proposition.
Après pour l'aspect réseau, on essaye vraiment de favoriser les rencontres. Il y a des espaces dédiés lors du festival. On met en relation des artistes, des structures pour favoriser les rencontres et de nouveaux sujets de création par la suite.
peux-tu revenir sur le fil conducteur de l'appel à participation 2008 ?
LC : Quand on fait l'appel à participation on essaye d'orienter vers tel aspect du vj-ing ou tel prise de position culturelle ou politique. Cette année c'était assez politique, ça donne aussi un objet commun qui permet de cristalliser les rencontres et de lancer les premiers sujets d'échanges entre les participants. Cette année on a eu pas mal de propositions qui mettaient en avant le vj-ing comme partie d'un ensemble plus vaste, plus varié en technique de diffusion. L'approche politique est déjà là. Après on ne peut pas savoir si la thématique de l'appel a orienté les propositions reçues ou est ce qu'il y avait une prise de position latente. On ne sait pas et en vérité ce n'est pas intéressant de le savoir !
PiNG : Pour en revenir justement sur la prog 2008... je t'ai vu courir à droite et à gauche lors du festival, en temps idéal qu'est ce tu aurais souhaité voir ?
LC : Dans l'ideal... rires ... ce qui est inatteignable ! J'aurai bien aimé passer plus de temps sur la table-ronde sur « les festivals et les communautés VJ », je vais essayer de trouver des comptes-rendus et autres prises de notes pour me rattraper ! J'aurai bien aimé voir toutes les performances du samedi soir et être disponible pour qu'il y ait un peu moins de latence et que l'alternance entre les deux salles ait été respectée mais bon... rires ... J'ai quand même eu le temps de voir dans l'après-midi Signora Franca, le mix de déconstruction d'architecture et de musique concrète de pierres avec du bruit acoustique et autres éléments... J'ai vu un peu Cinétracts' mix aussi. Le soir j'ai vu le tournoi avec les images d'arte, j'ai vu aussi Strap on Dildos mais raté complètement Jabberwock. Un peu SATI et entre aperçu dans l'autre salle le projet RVB en Alpha, un petit bout de Drop Crossing et KSKF... j'ai vu des miettes ! rires.
PiNG : un petit mix ! donc ma dernière question... en règle générale on n'a pas toujours le temps ni la place sur les supports de com de remercier les participants, partenaires, bénévoles... à qui as-tu envie de dire merci maintenant ?
LC : Merci pour le rattrapage ! Merci à tout le monde... c'est le principe collaboratif... rien ne se fait sans tout ceux qui ont contribué... merci aux bénévoles, merci aux artistes, merci donc aux partenaires techniques, artistiques, communication, logistique... merci aux lieux qui nous ont accueilli. Grand merci quand même au partenaire technique RayteaM, Alexandre et Marina. On a eu un gros problème le vendredi avec la livraison du matériel, ils nous ont bien dépanné en allant chercher ce qu'il manquait alors que ce n'était pas prévu... voilà tout le monde se rend disponible pour les autres, prêts à filer un coup de main et faire en sorte que tout ce qui était prévu soit possible donc merci à tout ceux qui partagent cet esprit de fonctionnement, qui y croient et qui nous aident à y croire !
PiNG : merci !
Pour aller plus loin :
Le site de Vision'r : http://vision-r.org/
Les réseaux de la création : http://reseaux-creation.org/
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Photo : extrait de CineTracts' mix - Vision'r 2008
