Culture libre + Éducation

Retour sur la semaine « fablab junior » organisée du 17 au 20 février 2015.
Durant une semaine, l’association PiNG, en collaboration avec l’Accoord, a proposé des activités pédagogiques et créatives au sein du fablab collaboratif Plateforme C à destination des jeunes de 11 à 16 ans :
– pour les 27 jeunes, ce stage a permis de s’initier à l’usage d’Arduino de manière ludique, à la programmation informatique graphique et de créer collectivement un projet-idée de A a Z en groupe, de découvrir la culture Libre en s’immergeant au sein d’un fablab.
– pour les 5 animateurs, ce stage a été un temps de formation, d’échanges, de retour d’expériences et  de construction de prototypes pédagogiques ré-utilisables et transférables.
 
L’ÉQUIPE PÉDAGOGIQUE
Pour accueillir les 27 jeunes, nous avons choisi de construire une équipe de 5 animateurs venant d’horizons différents : éducation populaire, éducation nationale, médiateur culture libre, réparti ainsi 2 animateurs sur chaque pôles « projet », et un animateur sur l’espace « lab ».
Nous avons collaboré pour cela avec des animateurs Sciences et Techniques de la ville de Nantes d’Efferv&Sciences, le pôle sciences de l’Accoord, un enseignant en collège et lycée technologique, un animateur des Petits Débrouillards de Poitou Charentes et un parent de jeune adhérent de PiNG.
LES ACTIVITÉS
Deux pôles dédiés à des projets collectifs ont été mis en place, ainsi qU’un espace « Lab » où les jeunes pouvaient découvrir et essayer différents dispositifs techniques et créatifs.
Les journées étant organisées ainsi :
Pour le 1er jour :
13h30 : accueil
* 14h > 15h : présentation « C’est quoi un fablab ? » en 2 groupes
* 15h > 15h30 : présentation et déroulé de la semaine
* 15h30 > 16h : groupe de 5 jeunes tournant sur les activités, accompagné par 1 animateur
* 16h20 > 17h : goûter, répartition par pôles
Pour les jours suivants :
13h30 : accueil
* 14h > 15h30 : activité par pôles
* 15h30 > 16h : découverte du Lab
* 16h20 > 17h : goûter, retour sur la séance
De plus, la matinée du vendredi matin était ouverte aux animateurs d’EPN de la région Pays de la Loire, dans le cadre du réseau Parcours Numériques.
Les pôles « projet » proposaient de créer un robot autonome à base d’arduino et un dispositif light painting commandé par arduino.
L’espace « lab » leur permettait de découvrir l’installation de linux sur d’anciens ordinateurs portables, d’utiliser un système Kano sur RaspberryPi, de s’initier à la fabrication de mini robot-dessinateur, d’essayer le logiciel Scratch et MineTest.
L’ensemble des activités au coeur du fablab leur a également permis de participer à des démonstrations de la découpe laser, de la découpe vynil et des imprimantes 3D opensource.
PRÉSENTATION EN IMAGES ANIMÉES
video platform video management video solutions video player
LES RESSOURCES
Un manuel des projets et expérimentations est en cours de rédaction sur la plateforme FlossManuals. S’impliquer dans la rédaction de ce manuel a permis aux jeunes de s’initier à la documentation et prises de notes en direct.
Nous leur avons également montré comment un PAD, comme celui mis en place durant les OPENateliers hebdomadaires, permettait de réaliser des compte-rendus http://openatelier.pingbase.net/ et comment Flossmanual produisait des tutoriaux http://fr.flossmanuals.net/arduino/.
PERSPECTIVES
Les projets des jeunes seront visibles lors d’Expo Sciences en avril 2015 et de Festival D en septembre 2015. La dynamique impulsée par cette expérience nous encourage à créer un programme d’activités que nous appellerons LibreEducation. Il sera basé sur le croisement d’approches pédagogiques et la production de ressources, à partir des constats et réflexions qui suivent :
LibreEducation ou éducation(s) par la culture libre
PiNG, dont l’objet social comprend la pédagogie et la transmission, revendique l’utilisation de logiciels libres comme un facteur déterminant de la démocratisation des pratiques et de la pérennité des actions. De plus, l’immersion au coeur du fablab nous a montré qu’il ne s’agissait pas uniquement de ‘numérique’, digital mais de bricolage, d’électronique, de mécanique, …
Nous avons toujours été convaincu que nos pratiques pédagogiques doivent soutenir la culture libre, dépassant l’aspect facile et technique de l’Open(0), qu’elles s’inscrivent dans une certain vision du numérique (1), au service de l’autonomie/souvenaineté technologique de chacun (2).
Et maintenant, éducation à quoi ?
Depuis quelques années, les institutions dédiées à l’éducation des jeunes (Éducation nationale et Éducation populaire) proposent un ensemble d’intitulés pour aborder la question des techniques, technologies et de leurs usages : Education aux médias, éducation multimédia, éducation à la Culture scientifique et technique, éducation numérique, éducation par le numérique, éducation au web2.0, …
Peut-être serait–il intéressant de définir précisément ces intitulés, lister les politiques publiques et acteurs leur ayant été associés, et tenter d’évaluer leur impact sur les jeunes ?
La pédagogie au service du matériel ou le matériel au service de la pédagogie ?
La réflexion sur le numérique, actuellement en débat via des plateformes collaboratives web2.0 (3), est souvent réduite au fait de proposer aux acteurs d’imaginer des contenus en lien avec un ensemble de dispositifs et infrastrucutures techniques déjà achetés , sans qu’il ait eu au préalable de concertation sur ces dépenses publiques (l’historique des achats à grande échelle, des T07 Thompson aux tablettes numériques de la pomme, serait intéressante à produire, ainsi que le listing du matériel « dormant  dans des placards »). Dans n’importe quel autre domaine pédagogique,  les objectifs et séquences sont définis au préalable, et l’achat du matériel en découle. On voit mal pourquoi le numérique fonctionnerait différemment.
Comment inverser cette pression technologique et économique pour permettre aux équipes pédagogiques de réfléchir à cet enjeu d’appropriation technique plutôt que son utilisation ? Comment accentuer les pratiques de détournement, ‘hack’ non pas comme « geste  fun » mais pour montrer que l’usage et l’envie sont plus forts que la fonction prédéfinie de l’objet technique, que la capacité à savoir transférer un savoir ou savoir-faire est la base des cultures numériques ?
Une éducation sans éducateur ?
La confrontation de différentes approches éducatives ( éducation populaire, de l’éducation nationale et médiateurs de la culture libre), de différentes terminologies (animateur, enseignant, éducateur, facilitateur) dans un grand atelier comme plateforme C a permis d’identifier différentes postures de transmission et de conforter la nécessité d’un accompagnement humain professionnel et qualifié.
Le texte réalisé par Hervé le Crosnier en introduction de Culture Num (4) éclaire ces questions  culture/numérique/éducation :
«Chacun sait combien l’éducation est en crise, et cela partout dans le monde. Alors même que les nouvelles technologies d’une part, et l’extension de la démocratie, qui nécessite une plus large activité citoyenne d’autre part, demandent d’étendre toujours les connaissances des individus, les progrès de l’éducation restent en retrait.(…) Chaque nouvelle technologie a été investie d’une mission éducative. En 1922, Thomas Edison n’hésitait pas à déclarer : « Je crois que le cinéma va révolutionner notre système éducatif, et que dans quelques années il supplantera largement, si ce n’est même complètement, l’usage des manuels scolaires. » Les croyances technologiques sont revenues sur le devant de la scène à l’apparition de chaque technologie de la communication.(…) Ce que transmet un enseignant, au-delà des savoirs au programme,
c’est toute une série de comportements, de démarches critiques, de réflexions « hors sujet », mais qui forment le bain cognitif si nécessaire pour développer les capacités des apprenants à intégrer les savoirs transmis et les faire siens.Plus encore, surtout si l’on se penche sur les premières années à l’école, l’enseignant est là pour créer et soutenir la motivation des élèves.(…) Malgré toutes les tentatives de faire du e-learning, de l’utilisation des ordinateurs pour « industrialiser » l’éducation, les expériences ont souvent tourné court. Les raisons ne tiennent pas à l’intérieur des formations proposées, à leur contenu ou aux efforts de présentation, mais à la structure générale de l’éducation, à cette motivation qui doit sans cesse être stimulée. Et qui a besoin pour cela de la coprésence. »

Hervé le Crosnier cite Paulo Freire
« Personne n’éduque autrui, personne ne s’éduque seul, les hommes s’éduquent ensemble par l’intermédiaire du monde. » Paulo Freire. (1974)
Faire en pensant ou penser en faisant ?
Durant fablab junior, l’équipe pédagogique a pu aborder les enjeux décrits ci-dessus en associant pratique et réflexion.
On retrouve cette association des dimensions pratique et réflexive dans le manifeste que nous avait proposé Alain Giffard dans le cadre de Parcours Numérique.
« En insistant sur la dimension «PRATIQUES» du schéma de la culture numérique, nous voulons d’abord rappeler que, comme toute culture technique, la culture numérique est empirique et expérimentale, et qu’elle progresse par l’exercice (…) Pratique veut dire : le public n’est pas strictement déterminé par l’institution ou le marché. C’est cet écart entre une position de cible et une position active de sujet, qui révèle le projet d’appropriation culturelle. »
À suivre…
Références :
(0) Différence entre Open et Libre : Richard Stallman indique que « /le mouvement de l’open source a été conçu spécifiquement pour écarter le fondement éthique du mouvement du logiciel libre/  »
(1) Une certaine vision du numérique
(2) Souveraineté technologique par Alex Hache
(3) Exemples de plateforme collaboratives : http://ecolenumerique.education.gouv.fr/http://contribuez.cnnumerique.fr/
(4) : Hervé LeCrosnier :  www.cfeditions.com/culturenum/ressources/culturenum_specimen.pdf
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