Fablabo /// Maker Faire Rome

Du 3 au 6 octobre dernier, se tenait à Rome la première édition d’une Maker Faire européenne. Nous étions 3 de PiNG à faire le voyage à la rencontre des makers européens. Nous vous proposons un rapport d’étonnement croisé en guise de retour sur ce déplacement.

Résumé général…
Une Maker Faire est une rencontre à la croisée d’un salon professionnel et d’une foire des inventeurs, un moment de valorisation des travaux de ceux que l’on nomme les makers. Né aux USA en 2006, ce type de rencontre est organisé dans un format imaginé et franchisé par le magasine Make. Plusieurs Maker Faires (mini ou non) sont organisées chaque année dans le monde. L’édition romaine se voulait la première édition d’envergure en Europe. Elle a réuni 30 000 personnes (selon les organisateurs, on ne sait pas ce que dit la police) pendant 4 jours. Les deux premières journées, plus orientées professionnels, s’organisaient autour de conférences et d’ateliers. Le week-end, la Maker Faire ouvrait ses portes au grand public invité à déambuler entre les stands des makers, participer à des ateliers, écouter des conférences (un grand public venu en nombre!).

Le regard de Charlotte…
Cela fait un moment que je m’intéresse à ce type de rencontre. Participer à la Maker Faire de Rome me donnait l’occasion de mieux comprendre la philosophie de ces événements, ce qui s’y passe, les personnes qui les fréquentent (…). J’avoue avoir été étonnée par le caractère très business de la Maker Faire de Rome. Les exposants étaient, pour beaucoup, des professionnels venus vendre leurs produits. La part à l’amateurisme et aux pratiques de bricolage semblait faible dans la multitude des stands. On trouvait même des magasins vendant les produits des divers exposants. En suivant de loin les Maker Faires, il me semblait que c’était des événements de valorisation de la créativité et de l’ingéniosité des makers plus que des salons professionnels, comme j’en ai eu le sentiment pour Rome. Cette orientation donnée à l’événement est peut-être due à la structure organisatrice de la rencontre romaine, à savoir la CCI de Rome. Peut-être avais-je aussi de mon côté une vision erronée de ce qu’est une Maker Faire. Ceci étant dit, j’ai pu constater que ce type de rencontre drainait un public dense tant du côté des professionnels que du côté grand public. On pouvait y croiser des ingénieurs, des bidouilleurs, des étudiants, des designers, des architectes, des familles… Il y avait foule, particulièrement le week-end, et il était parfois difficile de voir ce qui se passait sur les stands. Espérons que chacun ait pu y trouver ce qu’il était venu chercher. Pour ma part, je repars les valises pleines d’inspirations pour imaginer un événement grand public sur plusieurs jours organisé par PiNG et consacré à la culture du Do It Yourself (faites le vous même), réinventée par la culture numérique: Festival D.


Le regard de Julien…
Le « salon » des bricoleurs nous a ouvert ses portes : des bricoleurs amateurs il y en avait peu, mais plutôt des labs, des écoles, des entreprises, artisans dans la lignée du design italien. On a pu mesurer, tout de même, à la fois l’impact de la fabrication numérique DIY dans plein de filières différentes et l’aura récente du projet Arduino. En effet, cette success story ‘Made in Italy’ portait l’événement et nombreux sont ceux qui se voyaient à leur manière développer un projet ambitieux. Ce qu’on oublie souvent, c’est que derrière le packaging, le marketing et la com’ super bien huilés d’Arduino (arduino.cc) se cache la véritable innovation de l’époque (2006) : la première carte électronique OpenSource !


Le regard de Cédric…
C’est des images extravagantes des Maker Faires américaines plein la tête que je me suis rendu à Rome.
Même si j’y ai vu de belles réalisations artistico-amateures (une camera obscura à exposition automatique ou un jeu de programmation robotique en bois par exemple), l’ensemble dégageait quand même un parfum de foire commerciale où de jeunes créateurs vantaient plutôt leur sérieux que leur inventivité. Peu ou pas d’extravagance et d’absurdité surréaliste qui font, à mes yeux, la richesse de ces foires outre Atlantique.
En fait, je pense qu’on mesure là la différence de culture autour du Do It Yourself (DIY) qui est bien plus valorisé et « pris au sérieux » de l’autre côté de l’Atlantique qu’en Europe ou en France, où la traduction « système D » porte toujours son petit côté péjoratif.
Sans doute faut-il également mettre cette carence sur le manque de connexion entre les réseaux et les milieux : ici, beaucoup de geeks électroniciens mais pratiquement pas de machines de spectacle, pourtant si présentes dans le théâtre de rue européen.
Cela dit, on a pu voir à Rome une vraie émergence de la fabrication numérique, notamment à travers les innombrables imprimantes 3D et quelques intéressantes applications (comme des robots modulaires du Makespace de Madrid) parfois à la limite du geste artistico-absurde (comme le projet d’Enrico Dini de réparer la nature avec des machines).

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