Panorama d'activités "Culture scientifique et technique"

Compte-rendu des cinq interventions de la conférence organisée le jeudi 21 juin 2012, durant la journée découverte autour de la culture scientifique et technique à Trélazé.

Jean-Pierre Jandot de Terres de Sciences, Julien Bellanger de PiNG, Malvina Arteau de Science Animation, David Forgeron du Carrefour Numérique, Sébastien Hergott et Loic Kerivel des Petits Débrouillards, ont présenté un panorama d’activités « culture scientifique et technique », de la région Pays de la Loire et d’ailleurs.

 

Intervention de Jean-Pierre Jandot de TERRE DES SCIENCES, responsable du Pôle science et société, multimédia culture scientifique

* La Culture Scientifique et Technique

Les enjeux de la culture scientifique sont à la fois :
– éducatifs : redonner goût aux sciences aux enfants comme aux adultes
– économiques : socialiser l’innovation
– politiques : aider le débat sur les sciences & techniques

Au niveau des structures de cultures scientifiques et techniques deux grands réseaux existent :
Les CIRASTI (Collectif Interassociatif pour la Réalisation d’Activités Scientifiques et Techniques Internationales)
Ce réseau fédère les mouvements issus de l’éducation populaire (avec par exemple Les Petits Débrouillards, les CEMEA, etc) avec comme principe d’utiliser la science comme un outil pour travailler avec les jeunes et les amener vers une démarche citoyenne.
Les CCSTI (Centres de Culture Scientifique, Technique et Industrielle)
Ils sont répartis sur l’ensemble du terrritoire. Il y a en trois sur la région Pays de la Loire : un à Laval, Maine Sciences à Sablé sur Sarthe, et Terres des sciences à Angers.

* Terre des Sciences : rapide historique

Terre des sciences a été créé en 1992 par plusieurs structures d’enseignement supérieur.

Ces trois axes de travail sont :
– science, innovation, société
– science et jeunes (avec par exemple des animations scolaires, le centre de ressources, ..)
– jeune et découverte économique (accompagnement à travers des rencontres, des animations)

Terre des Sciences a mis en place trois cybercentres depuis sa création. A l’origine, il y a eu la reprise d’une animation de la Cité des Sciences à la fin de  l’année 92, durant laquelle une cinquantaine d’ordinateurs ont été mis à disposition du public dans le centre des Congrès d’Angers. Cette opération a été suivie par un bus équipé d’ordinateurs qui a tourné dans les communes de l’agglomération pendant plus d’un an. Face à la demande, les cybercentres de la Roseraie et de Trélazé ont été lancés dès l’an 2000, avec un positionnement en tant que centres de ressources pour les associations de quartier (ouverture à tiers temps pour le public et deux tiers temps pour les associations). En 2004, le cybercentre d’Angers Est a ouvert à son tour.

L’évolution des cybercentres

Depuis le lancement des cybercentres, le bureau de Terres de Sciences ré-interroge régulièrement les animateurs sur l’importance pour un CCSTI de gérer de tels lieux : ce qui était évident au début l’est moins aujourd’hui, même si il y a toujours des passerelles.

Les pratiques évoluent au niveau des cybercentres et des questions se posent sur la façon de mener son travail d’animateur. Par exemple, sur la région Pays de Loire en 2010 70% des foyers étaient connectés. De plus, une grande part de seniors de plus de 55 ans utilisent maintenant le net. L’évolution rapide remet en cause l’accueil de tous les publics qui semblait évident au début. Les gens ont moins besoin d’être accompagnés, ou alors ce sont des gens en situation très précaire qui ne viendront pas spontanément dans un espace numérique : le besoin de médiation est très important.

Trois axes de questionnements se posent aujourd’hui pour Terre des Sciences :
– en tant que CCSTI : à quoi le numérique peut aider à évoluer dans les questions scientifiques ?
– en tant que cyber : en quoi les sciences peuvent nous aider dans notre évolution ?
– que peut produire la rencontre de ces deux axes forts : numérique et scientifique ?

Les possibilités de médiation nouvelles à explorer grâce au numérique :
– les serious games
– la réalité virtuelle : exemple de Terra Botanica à Angers qui a travaillé avec une école d’ingénieur sur la réalité virtuelle.
– les outils de veille : Netvibes, agrégateur de flux rss, Knowtex réseau social et agrégateur de lien autour de la culture scientifique
– le site média numérique régional : projet de site web adressé à des jeunes de 15 à 25 ans (équivalent universciences au niveau régional) contenant des ressources, dispositifs autour de la connaissance scientifique, actualités..

Comment toucher les populations éloignées des TIC ?
– Accompagner l’évolution des métiers d’animateurs : formations, nouveaux types d’interventions. L’utilisation des contrats éducatifs locaux permet par exemple d’intervenir dans les écoles sur des thématiques scientifiques en dehors du cadre scolaire ; Karl du cyber de Trélazé intervient de cette façon sur les problématiques numériques.
– Mettre en place des partenariats avec les acteurs du territoire

Le grand mix : mise en oeuvre de nouveaux outils :
– fablab, bio fablab
– hacker les sciences (science hack day)
living lab,
– co-design,
– outils nouveaux qu’il reste à inventer
Cette approche transversale est envisagée avec l’ensemble des acteurs et domaines de la société, incluant les arts, le social…

Retrouvez la présentation de Jean-Pierre Jandot en cliquant sur ce lien : http://prezi.com/uswrlr0_jj8g/culture-scientifique-culture-numerique/

Intervention de Julien Bellanger de PING : Les Fablabs : déjà 10 ans ! et en France ?

* La genèse des Fablabs
Le programme Fablab a été inventé par le MIT en 1990 autour d’une réflexion croisant la matérialisation des outils numériques avec le développement local.
Puis, dans une démarche originale de pédagogie, un cours s’est ajouté à ce programme en 2000 : «How to make almost anything?» (comment fabriquer à peu près n’importe quoi).
Le concept de Fablab s’organise autour de ces trois thématiques : le développement local, la fabrication numérique, la pédagogie. A noter qu’en France on focalise généralement sur le dernier point.

L’idée initiale était de créer un réseau de fablabs répartis partout dans le monde, sur le même modèle, avec les mêmes machines et des projets centralisés : un même projet serait ainsi réalisable partout.

* Trois documents français qui parlent des fablabs :
– Fabien Echeynne de la FING -> tour d’horizon du label et des lieux en Europe (reportages d’étudiants) http://www.slideshare.net/slidesharefing/tour-dhorizon-des-fab-labs
– Mathilde Berchon de Sculpteo -> réflexion sur le concept d’objet (obscolence, design) http://www.slideshare.net/wcie/wurfing13-fablab-8325647
– Laura Pandelle de JokkoLabs -> poster qui dresse les différents dispositifs quand on veut monter un fab lab http://jokkofablab.files.wordpress.com/2012/03/fablab_tree2.png

* Quelques exemples de Fablabs français :
– le Forma lab du Greta au Puy en Velay
– le Faclab (fablab dans une université)
– le Fablab du CCSTI de Grenoble porté par un hollandais qui a déjà lancé des fablabs (modalités type d’un fablab classique)
– le Technistub à Mulhouse

→ Retrouvez sur cette page le listing des fablabs français, ainsi que des liens ressource : http://fablabo.net/wiki/Fablab_F_aire

Intervention de Malvina Arteau de Science Animation : présentation du projet Inmédiats

Inmediats est un projet porté par six associations : Espace des sciences à Rennes, La Casemate à Grenoble, Relais d’sciences  à Caen, Science animation à Toulouse, Cap Sciences à Bordeaux, et Universcience à Paris.

L’idée est de conduire différentes expérimentations pour ensuite les mettre en commun et à disposition.

Les grands axes du projets :
– fablab
– serious game
– living lab : sorte de showroom d’innovation ; des innovations sont mises à disposition du public afin qu’elles soient testées puis améliorées grâce aux retours. Le public participe à la création d’un objet.
– studios numériques
– réalité augmentée
– mondes virtuels
– Navinum/SciencesOnaute
– réseau social territorial
– évaluation
– dissémination

Chacune des six associations s’est positionnée sur certains de ces sujets et les réalisent de manière autonome. Par la suite, le but est de regrouper les expériences et les animations (pour très grand public) qui vont être produites. Parmi les objectifs du projet, il y a la volonté de tester ce qui fonctionne avec les publics, ainsi que d’expérimenter comment gérer des modèles économiques pour chacun des différents sujets.

Intervention de David Forgeron du Carrefour Numérique de la Cité des Sciences : un Fablab à la Cité des Sciences ? Quels usages ? Quelle médiation ? Quel métier et compétences ? Présentation de réflexions en cours.

* Le contexte
Le Carrefour Numérique (historiquement cyberbase) porte un projet de Fablab, dans l’objectif de réduire la fracture numérique.
Sept médiateurs TIC y travaillent avec différentes compétences techniques et pédagogiques. Un large éventail d’activités est proposé car le lieu s’adresse à tous les publics : particuliers, rencontres professionnelles, etc.

* Les réflexions en cours :
– A quoi sert un Fablab ? Se résume-t-il à des machines, ou est-ce aussi un outil supplémentaire au service de la médiation ?
– Réflexions sur l’évolution des pratiques et des enjeux liés à la fabrication personnelle
– S’agit-il d’une dématérialisation rematérialisée ?
– L’esprit « do it yourself » et le hacking à l’honneur

* Quelle médiation ?
Il y a trois niveaux d’activités dans un Fablab :
– sensibilisation, découverte, démo, initiations → très large public
– participation, appropriation → projets plus construits, utilisation d’outils et savoirs-faire
– conception, contribution → s’adresse à des gens qui ont déjà des projets

* L’évolution du métier d’animateur
– la problématique des compétences : comment transmettre des connaissances sur des sujets non-maitrisés ?
– la posture de l’animateur change : l’animateur n’est plus l’unique détenteur de la connaissance, il y a une logique d’apprentissage entre pairs
– nécessité de la technicité (machines bidouillées qui peuvent ne pas fonctionner)

* Quelles compétences ? (selon les projets)
– être enthousiaste (tous le monde n’a pas forcément envie de faire de la soudure!), appétence sur les aspects techniques
– animation
– mécanique
– électronique
– menuiserie
– usinage
– design
– modélisation 2D, 3D
– informatique
– communication
– etc

-> Remarque de Malvina
On peut arriver avec seulement une partie de ces compétences et se rendre compte que le reste n’est pas si loin, pas si innaccessible (si j’ai été capable d’utiliser un fer à souder alors que je ne savais pas il y a deux jours, je suis surement capable de plein d’autres choses). 
Il y a de multiples entrées et être au sein d’une équipe de médiation permet d’échanger et de passer des barrières.

Comment monter en compétences ?
– la formation (mais il est difficile de trouver des organismes compétents sur cette thématique)
– l’autoformation (nécessite du temps)
– l’apprentissage par l’essai/erreur
– la pratique
– le transfert de compétences
– l’importance de la veille technologique
– quelle est la limite à cette montée ? (On ne peut pas tout savoir)
– recruter des forces vives compétentes, des personnes directement opérationnelles et qui assurent un transfert de compétences

-> Remarque
Le faclab propose une formation de fabmanager, mais peut-être est-ce l’occasion d’une réflexion sur la formation continue.

* Et concrètement ?
A la Cité des sciences, une refonte des activités en terme d’expérimentations a actuellement lieu. Quelques exemples :
– construction d’un quadricoptère : problèmes pas prévus, notamment en terme d’approvisionnement, qui ont permis de se rendre compte des contraintes organisationnelles
– assemblage d’une imprimante 3D : commande d’une makerboat et montage, expérimentation du montage et impression de pièces
– hacking autour du JV Minecraft : occasion de tester, d’utiliser minecraft comme outil de modélisation 3D, détournement d’une kinect pour piloter son personnage
– bootcamp : symposium de démarrage

Et ensuite ?
– conception de nouvelles activités, nouvelles offres
– montées en compétence selon les activités
– aménagement d’espaces
– …

Intervention de Sébastien Herrgott et Loic Kerivel, coordinateurs des Petits Débrouillards : le numérique dans l’approche des Petits Débrouillards

* Qui sont les Petits Débrouillards ?

Les Petits Débrouillards est une association de vulgarisation scientifique qui part du principe que l’on peut tout questionner, aussi bien dans le champ de la culture scientifique et technique, que dans l’éducation, l’environnement, etc. L’objectif de base est de rassembler les citoyens de tous âges, de casser des barrières, avec pour cheval de bataille la démarche expérimentale : proposer des expériences avec du matériel de la vie quotidienne, re-questionner le monde, amener le public à se construire son propre esprit critique.
Les Petits Débrouillards proposent des espaces d’animation dans l’espace public, dans les quartiers, avec des publics qui n’ont pas forcément de regard critique sur ce qui leur est proposé. Les thématiques sont très larges et en évolution permanente.
L’association est aussi organisme de formation : proposition de formations, d’outils pédagogiques, d’accompagnement.

L’association des Petits Débrouillards existe depuis 30 ans. En France, le réseau a 25 ans et en Pays de la Loire 15 ans.

* Comment impliquer le public des cybers dans l’appropriation des outils ?

Exemples de ressources :
le wiki : 400 expériences, petites vidéos internationales (courtes et sans paroles pour être le plus accessibles possible dans le monde)
– le site des explorateurs (interviews de chercheurs, photos mystère, etc)
le Panoptison : proposition d’un média à développer pour des jeunes des quartiers. Le but est d’aller chercher des jeunes dans la rue et de les motiver pour aller faire une interview. Ils testent le matériel, puis vont faire l’interview. L’intérêt est qu’ensuite l’animation permet d’amener les jeunes dans les lieux type cyber ou maison de quartier pour faire le montage de ce qu’ils ont enregistré.

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