
Retour sur la troisième journée de rencontre du réseau Parcours Numériques autour de l’avenir des espaces numériques.
Les espaces numériques, une histoire à réinventer
Cette journée de rencontre et d’ateliers à La Roche sur Yon nous a permis de faire la lumière sur les origines et les missions des espaces numériques ainsi que de se projeter dans leur futur.
En croisant le point de vue de personnes référentes avec celui d’acteurs du quotidien que sont les animateurs des espaces numériques, nous avons pu réaffirmer à quel point la question du numérique est complexe et majeure d’un point de vue politique et sociétal, et qu’elle est plus que jamais un enjeu actuel.
La fête d’internet et la fracture numérique
Les espaces numériques se sont auto-organisés il y a plus de 10 ans, avant d’être reconnus d’utilité publique par le gouvernement en 2001 sous l’impulsion de personnes telles que Jean-Luc Raymond et Alain Giffard présents pour cette journée à La Roche sur Yon.
Dans un premier temps, la formalisation de ce soutien est passée par la mise en place des emplois jeunes, puis le déploiement de lieux. C’est l’époque d’une certaines forme d’euphorie, celle de la société de l’information et de la communication, dans laquelle les NTIC devaient jouer un rôle essentiel pour impulser une société dites de l’intelligence collective.C’est l’époque de « la fête d’Internet », cet outil puissant au service de tant d’avancées démocratiques et intellectuelles.
La politique de ce début de siècle vise alors à réduire au maximum ce qui est appelé la fracture numérique. C’est aux espaces numériques de jouer ce rôle de porte d’entrée à ces technologies, en proposant des accès gratuits aux outils et à Internet, ainsi que des formations.
Un accès aux outils numériques et aux usages, plus qu’aux marques
Une économie des lieux qui doit être soutenue par les pouvoirs publics et s’ouvrir à d’autres modèles économiques
D’une phase de consensus à une phase de dissensus
Les espaces publics numériques peuvent continuer à être des acteurs importants de notre société mais ils doivent pour cela adapter leurs champs d’activités. Il semblerait qu’ils aient à jouer un rôle important dans l’éducation critique à la culture numérique, en proposant des dispositifs d’appropriation sociale collectifs et individuels du numérique « à long terme et à longue portée » . La place du numérique dans nos sociétés est actuellement centrale dans une grande partie de nos activités. Il revient en partie aux espaces numériques de considérer ces changements et leurs corollaires afin de sensibiliser un plus grand nombre des citoyens aux enjeux et conséquences de ces innovations.
Pour Alain Giffard, nous passons d’une phase de consensus, dans laquelle le rôle des EPN était de réduire les difficultés d’accès au numérique et d’œuvrer pour la société de l’information, à une phase de dissensus qui laisse apparaître de nouvelles forme d’économies très peu connues du grand public (économie de l’attention mais aussi économie contributive), des pratiques condamnées par certains et plébiscitées par d’autres (partage de connaissances et d’informations via les outils numériques) ainsi qu’un ensemble de questions qui sont autant de points à éclaircir pour les usagers : questions liées à la propriété immatérielle, à la neutralité d’Internet, à l’obsolescence des objets, à la réappropriation du numérique etc.
C’est cette phase dans laquelle nous sommes actuellement qui donne un nouveau rôle aux espaces numériques :
Celui de définir ce que porte la culture numérique et de s’assurer qu’elle soit accessible et appropriable par le plus grand nombre : cette culture numérique s’élabore sur les savoirs et savoir-faire que nous constituons, elle n’est pas préalable à nos pratiques.
PiNG continuera d’explorer aux côtés des espaces numériques ces questions et ces possibilités dans la suite de Parcours Numériques.
> Ecouter la conférence « Les espaces numériques : une histoire à (ré)inventer » avec Alain Giffard et Jean-Luc Raymond
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