Visite en tiers-lieux : dossier Bruxelles / Lille épisode #1

Retour de deux jours de visite sur le chemin des tiers-lieux à Lille et à Bruxelles, par Charlotte de PiNG.
Dans le cadre du travail de réflexion proposé par PiNG autour des croisements entre les dynamiques des tiers-lieux et celles des Espaces Publics Numériques (EPNs), je suis allée voir du côté du Nord les initiatives en place. Entre Bruxelles et Lille, guidée par mes contacts locaux, je suis allée à la rencontre de différents tiers-lieux, histoire de mieux décrypter cette notion à travers des exemples concrets et pourquoi pas d’y trouver des idées inspirantes pour le réseau Parcours Numériques. Retour sur ces deux jours de visite, épisode #1.
//// Transforma
Coworking, cooking et fablab
Première visite à Bruxelles, je me rends à Transforma, dont le projet m’a interpellé pour le croisement d’activités qu’il propose. Coworking, fablab et cuisine… voilà qui attise pour le moins la curiosité. Situé un peu à l’extérieur de Bruxelles (je mettrais 30 min pour m’y rendre depuis mon lieu de villégiature, plutôt central), le lieu est atypique. En entrant dans Transforma, on fait comme un saut dans le temps, retour dans les années 60. Le décor idéal pour une série de SF se déroulant dans les sixties. Voilà pour l’ambiance. Accompagnée de mon guide local, en la personne de Michka Mélo, nous rencontrons Anis Beda, l’un des 2 cofondateurs du lieu.

Histoire du lieu….
Anis Beda connaît bien les espaces de coworking et leur fonctionnement. Il était, en effet, en charge de l’animation du Hub de Bruxelles. Quand celui-ci ferme en 2012, il décide de monter son propre projet. Son souhait : ouvrir un lieu innovant au cœur du quartier européen de Bruxelles afin de ramener de la création (sous-entendue innovante) là où les gens en parlent. Les loyers étant prohibitifs dans ce quartier, il doit revoir son projet. Il prend alors le parti de mettre en place une démarche projet plus expérimentale. L’idée : chercher un lieu avec un bail flexible, prototyper un projet pour tester un concept et, si pertinent, le développer. Le lieu ? Ce sera Transforma, ancien club house d’une grosse entreprise belge, avec ses multiples salles de réunion, son bar, sa cuisine et son espace extérieur. Le projet ? Il sera définit par le réseau d’Anis Beda et son associé, la possible communauté d’usagers, via divers temps d’échanges (mails, réseaux sociaux, visites…). Si l’idée de coworking, à la base du projet d’Anis demeure, l’espace dans ce qu’il offre permet d’enrichir le projet de deux nouvelles activités : un fablab et une cuisine collaborative. À cette offre, s’ajoute celle de la location de salles pour événements et autres séminaires. Transforma nouvelle vocation ouvre en mars 2014.
Fonctionnement…
Le lieu est géré par une société privée à responsabilité limitée de 2 associés et plusieurs fondateurs. Un 3ème actionnaire, salarié cette fois, devrait arriver courant 2015. Les associés ne se rémunèrent pas forcément et ont en parallèle d’autres activités pour combler les éventuels « trous financiers » du projet.
Le fablab et la cuisine collaborative sont incubés par Transforma dans un premier temps. Leur contribution passe par l’animation et la gestion du lieu notamment. Ils ont, par la suite, vocation à développer un modèle économique viable afin de contribuer à l’économie du lieu.
Le lieu ne reçoit aucune aide publique pour les raisons suivantes : les porteurs du projet n’ont pas de temps pour monter les financements et pas de temps pour les attendre.
Aujourd’hui, les ressources économiques reposent sur l’espace de coworking et ses abonnements et la location de l’espace pour des événements.
Les services proposés (et leurs prix)…
http://www.transformabxl.be/services/coworking
http://www.transformabxl.be/services/events

Usages et communautés…
Si l’idée de départ était bien de proposer un lieu tiers au niveau des pratiques (coworking, fabrication numérique et cuisine), le projet autour de la cuisine n’a finalement pas abouti. Si le facteur humain entre en compte, d’autres difficultés, parmi lesquelles la proximité trop forte entre la cuisine et l’espace de coworking créant des problèmes de cohabitation des pratiques, ont rendu ce projet peu viable.
Le fablab, qui répond au nom d’OpenFab a bien pris forme. On y retrouve les machines « classiques » d’un fablab et une communauté en devenir s’y retrouve pour apprendre ensemble et y faire « à peu près tout ce qu’ils désirent ». Le fablab c’est l’axe culture numérique du projet Transforma. Sa présence permet de créer des croisements enrichissants avec les coworkers, souvent issus d’autres univers, et également d’expérimenter de nouvelles pratiques, façon d’apprendre, de faire.
Côté coworking, il y a une quarantaine de coworkers réguliers : starts ups, acteurs de l’ESS, du bien être, de l’économie collaborative, du journalisme… En tout, le lieu compte une soixantaine d’abonnés. Le coworking connait une certaine saisonnalité avec des périodes de fréquentation plus creuses en été et en fin d’année.
La communauté Transforma…
http://www.transformabxl.be/community

La notion de 1/3 lieu ?
Pour Anis Beda, la notion de 1/3 lieu est un « concept bien français ». À croire que les belges ne se posent pas autant de questions que nous…  Cela permet de mettre un nom sur un type de lieu qui est différent des autres lieux, en opposition aux lieux connus. C’est un lieu intermédiaire entre les lieux classiques/connus, des espaces nouveaux pour créer/collaborer/rencontrer en sortant du cadre classique.
Perspectives ?…
Après un an d’expérimentation, le projet prend forme. Le lieu devient petit à petit une référence à Bruxelles, dixit son fondateur. Ceci étant, le modèle économique reste fragile. Et la suite ? Trouver un espace pérenne et modulable et grandir, développer de l’offre sur les nouvelles formes d’innovation.
Note complémentaire
Entre la visite du lieu (février) et aujourd’hui, il semblerait que Transforma ait connu de multiples rebondissements. En effet, le projet a dû déménager précipitamment en septembre dernier sous injonction du bailleur qui souhaitait récupérer les locaux rapidement. Les voilà désormais dans un nouveau lieu avec un projet plus axé sur le coworking. Il semblerait que le fablab ne faisait pas partie des cartons emmené dans le déménagement…
//// Foam

Art, science, laboratoire
Changement de quartier, changement d’ambiance. Nous voilà dans un quartier post industriel excentré. Les initiatives intéressantes se feraient-elles toujours à la marge, au sens propre comme au figuré ? Michka m’invite à partager le déjeuner du collectif FoAM par lequel il a été accueilli dans le cadre de ses travaux et de son changement de vie. À FoAM la nourriture tient une place fondamentale tant pour les projets que pour le projet. Partager un déjeuner avec ses cofondateurs, Maja, Nik et Rasa, n’en a donc que plus de sens.
FoAM ?..
Difficile de présenter en quelques mots ce qu’est FoAM, car les sujets qu’ils traitent et les formats utilisés pour le faire sont complexes et hybrides. Pour essayer de résumer, je dirais que c’est un laboratoire au croisement des pratiques et des sujets que sont la culture, l’environnement et la technologie.  Leur mantra « grow your own worlds » que l’on pourrait traduire par « développe tes propres mondes » anime leurs recherches/projets et ceux des résidents/collaborateurs qui gravitent autour de FoAM depuis 10 ans.
FoAM c’est un collectif, une organisation, un réseau, une famille. Un peu tout ça à la fois. Ce laboratoire accueille des résidents aux profils, compétences et intérêts divers dans les champs des arts, de la science, de la technologie, de entrepreneuriat, de la cuisine, du design et du jardinage. Ensemble, ils interrogent de possibles futurs, cherchant à proposer de nouveaux modèles. À l’image des 3 cofondateurs qui m’ont accueilli ce midi de février dernier, chaque partie prenante de FoAM est différente et c’est bien là toute la richesse.
Leurs activités…
FoAM regroupe ses activités autour des catégories suivantes: expérimentation et création, formation et développement, communication et documentation. Elles se déclinent en ateliers, conférences, rencontres, résidences, accompagnements, publications.

Fonctionnement…
FoAM est implanté en Europe et en Asie (centrale) avec des parties prenantes un peu partout dans le monde. Cette structuration lui permet de garder une organisation petite et flexible.
Côté modèle économique, le projet est en train de passer d’un soutien public structurel à un soutien des projets. Le soutien structurel induisait de plus en plus la mise en place d’activités qu’ils ne souhaitaient pas faire, d’où ce choix (ou disons plutôt cette orientation). La structure, de par sa vocation internationale, est aussi impliquée dans des projets européens.
Chez FoAM, on n’organise pas de réunion. Les échanges sur les activités et éventuels problèmes ont lieu lors des repas préparés collectivement. On comprendra ici l’importance des repas dans la démarche de la structure mais aussi dans ses activités la cuisine étant « un outil facilitant dans des contextes interculturels ».

Fonctionnement…
FoAM est implanté en Europe et en Asie (centrale) avec des parties prenantes un peu partout dans le monde. Cette structuration lui permet de garder une organisation petite et flexible.
Côté modèle économique, le projet est en train de passer d’un soutien public structurel à un soutien des projets. Le soutien structurel induisait de plus en plus la mise en place d’activités qu’ils ne souhaitaient pas faire, d’où ce choix (ou disons plutôt cette orientation). La structure, de par sa vocation internationale, est aussi impliquée dans des projets européens.
Chez FoAM, on n’organise pas de réunion. Les échanges sur les activités et éventuels problèmes ont lieu lors des repas préparés collectivement. On comprendra ici l’importance des repas dans la démarche de la structure mais aussi dans ses activités la cuisine étant « un outil facilitant dans des contextes interculturels ».

Un tiers-lieu ?…
Quand je leur demande s’ils se considèrent comme un tiers-lieu, ils me répondent qu’ils se considèrent comme un 1/3 lieu sur les pratiques mais pas dans le sens de l’ouverture vers un large public. Longtemps ouverts à tous, ils sont un peu revenus de ce positionnement suite à des abus. « Si tu pousses la porte on est ouverts mais si tu ne la pousses pas…. ». Une question se pose alors à moi : un 1/3 lieu est-il nécessairement ouvert ? À méditer.
Suite au prochain épisode…
Un article-retour de Charlotte Rautureau de l’association PiNG
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