
Quel rôle jouent l’art et le design dans la déconstruction des algorithmes, enjeu clé pour qu’ils s’intègrent de façon juste dans nos sociétés ? Dans le cadre du cycle “Vivre avec les algorithmes” organisé en partenariat avec Stereolux.
Cliquer sur un like ou lancer une simple recherche sur Google… Avec la massification des usages numériques, nos gestes du quotidien sont devenus une matière première qui alimente, souvent à notre insu, la puissance de feu des géants du Net. Dans les coulisses, des myriades de micro-travailleur·euses entraînent des IA, animent des chatbots. Invisibles mais omniprésentes, ces tâches répétitives et précaires interrogent en profondeur les mutations du travail et nos relations au numérique. Déshumanisées ou incarnées par des intelligences artificielles qui n’en sont pas toujours, les données de l’invisible forment aussi un vaste terrain de jeu pour les artistes. Alors, comment les internautes produisent-ils de la valeur sous couvert de divertissement et de services ? Comment notre dépendance aux GAFAM alimente-t-elle de nouvelles formes d’exploitation du travail ? Le design peut-il penser des alternatives ? Autant de questions qui seront évoquées par les artistes, chercheur·euses et designers invité·es lors d’une séance de keynotes suivie par une table-ronde ouverte aux discussions avec le public.
Informations pratiques :
La table est maintenue en ligne. Suite à votre inscription, vous recevrez un lien de connexion par mail avant l’événement, afin de pouvoir y assister. Elle sera diffusée en direct sur Youtube, Facebook et retransmise sur la radio Pi Node.
18h30- En ligne
durée : 2h
Organisateur : Stereolux
Gratuit sur réservation
Avec :
David Benqué, designer
David Benqué est designer/chercheur. Il a récemment complété son doctorat à la School of Communication du Royal College of Art à Londres. Sa thèse propose que les diagrammes sont un langage pour examiner, manipuler, et critiquer la prédiction algorithmique. Ce travail est ancré dans une pratique critique du design en prise avec les « matériaux » algorithmiques tels que le code et les données. Il emprunte des méthodes et un cadre théorique aux humanités numériques et à l’archéologie des média.
https://davidbenque.com
https://diagram.institute
Soizic Penicaud, responsable du pôle Accompagnement, Etalab
Soizic Pénicaud est diplômée de l’université Paris 1 en droit et science politique et est titulaire d’un master en éducation et numérique du Centre de recherches interdisciplinaires (CRI). Elle a rejoint en 2017 Etalab, le service du Premier ministre en charge de l’élaboration et de l’implémentation de la politique de l’Etat dans le domaine des données. En tant que responsable du pôle Accompagnement, elle a à cœur d’encourager la réflexivité de l’action publique en créant des ponts avec des chercheurs et chercheuses en sciences sociales et en design. Dans le cadre des travaux d’Etalab sur la redevabilité des algorithmes publics, elle accompagne les administrations dans la mise en œuvre de leurs obligations légales et expérimente différentes manières de mettre en débat ces dispositifs qui transforment l’action publique.
@soizicpenicaud
RYBN, artistes
RYBN.ORG est un collectif d’artiste fondé en 1999 et basé à Paris.
www.rybn.org
Modération : Frédérique Krupa, directrice du Digital Design Lab de l’École de design Nantes Atlantique
Dr. Frédérique Krupa est designer UX et spécialiste en méthodologie de recherche au service de start-ups et dans des écoles de design telles que Parsons School of Design, RISD, University of the Arts, ENSAD et Paris College of Art, où elle a fondé et présidé les Masters (MA) et Masters of Fine Arts (MFA) en Transdisciplinary New Media. Sa dissertation doctorale en design à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne était sur «Les jeux vidéo pour filles : genre, design et technologie au service du recrutement des femmes dans les TIC ?», suivie d’un post-doc action-recherche à l’école informatique expérimentale 42, ou elle s’est spécialisée dans les algorithmes de l’apprentissages automatiques (ML) et l’éthique dans l’intelligence artificiel. Ses recherches actuelles portent sur l’établissement de méthodes ML UX, une approche transdisciplinaire et systémique pour créer des données, algorithmes et modèles prédictifs d’apprentissage automatiques éthique, équitable, fiable et précis.
Vivre avec les algorithmes
Relations actuelles et futures entre humains et algorithmes
Si un algorithme peut assez simplement se résumer à une suite d’opérations permettant de résoudre un problème calculable, le rôle et l’importance que cette notion a acquise dans nos vies restent parfois flous et méconnus. Pourtant, des systèmes de recommandations de vidéos à la recherche d’emploi, en passant par l’orientation scolaire ou la commande de repas, difficile aujourd’hui de trouver une activité n’ayant pas intégré, ou travaillé avec, des algorithmes tant ils sont au coeur de nos programmes informatiques.
Depuis une vingtaine d’année, les algorithmes ont ainsi progressivement fait leur entrée dans notre quotidien, et jouent maintenant un rôle central dans nos vies – souvent sans que nous en ayons conscience et que nous comprenions leur fonctionnement et leur rôle précis. Ces hybridations de nos activités aux algorithmes invitent à une réflexion critique sur ceux-ci. Car si les algorithmes entrent dans nos vies, ils ne sont pas neutres : fabriqués par l’humain, ils répondent aux intérêts de ceux les créant. Générant indicateurs et mesures, transmises ou non à leurs utilisateur·rices, les algorithmes modifient subtilement les comportements des personnes.
Ce cycle vise ainsi à questionner ces collaborations entre humains et algorithmes, qu’elles soient volontaires, subies, cachées ou assumées. S’il n’a pas la prétention de proposer une analyse exhaustive de ces collaborations, tant le sujet est vaste et couvre des disciplines variées, il propose une approche centrée sur la place et le rôle joué par artistes et designers dans la façon dont ces collaborations sont pensées, conçues et rendues visibles.
Il se déroulera en novembre et décembre 2020 et sera centré autour de trois grands thèmes :
Les algorithmes dans notre quotidien
Si les algorithmes sont déjà présents dans nos quotidiens, où sont-ils et comment se manifestent-ils ? À quelles fins ? Qui sont les personnes devant collaborer le plus souvent avec les algorithmes et comment vivent-elles et perçoivent-elles ces interactions ?
Ce thème sera centré sur le cas particulier du travail numérique invisible (Digital Labor), à travers une table ronde dédiée à ce sujet :
Rendre les algorithmes accessibles
Les algorithmes ont souvent la réputation d’être des boîtes noires insondables, notamment les algorithmes dits d’apprentissage profond. Cet argument permet de ne pas remettre en cause les résultats des algorithmes, et concourt à la non-démocratisation des algorithmes en les présentant comme un objet technique expert. Alors que ceux-ci sont voués à prendre des décisions, pour nous ou sur nous, de plus en plus importantes dans nos vies, la question de leur explicabilité et de leur transparence devient centrale. Les rendre accessibles et appréhendables par le plus grand nombre est donc un enjeu clé pour que les algorithmes s’intègrent de façon juste dans nos sociétés. Quel rôle jouent l’art et le design dans la déconstruction et l’appropriation de cette technologie ? Comment peuvent-ils aider à mieux appréhender les algorithmes et leurs enjeux ?
Ce thème sera traité sous la forme d’une table ronde et d’un atelier :
Repenser les algorithmes
Les algorithmes sont bien souvent intégrés à nos vies pour des objectifs d’efficacité, de productivité ou encore de minimisation du risque (obtenir le trajet le plus rapide pour se rendre à un endroit , faire faire les actions et mouvement les plus optimisés à des employé·es, décider si telle personne a le droit à un prêt…). Mais peut-on imaginer les algorithmes autrement, en questionnant ces principes de conception ? Quels nouveaux imaginaires développer autour de nos relations aux algorithmes ? Peut-on sortir d’une approche centrée sur l’efficience et la productivité, et penser les algorithmes comme des entités à part entière de notre environnement ?
Ce thème, plus spéculatif, sera lui aussi traité sous la forme d’une table ronde et d’un atelier :
Ce cycle est organisé en partenariat avec Stéréolux et le Human Machine Design Lab de l’École de design Nantes Atlantique et en collaboration avec Estelle Hary, designer et doctorante en design au sein du RMIT University et affiliée au Centre de recherche en design (ENS Paris-Saclay / ENSCI – Les Ateliers) travaillant sur les liens entre design et algorithmes.